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Jeu de rôle pour les enfants partie 2 : la partie

Jeu de rôle et enfants : un groupe de jeunes joueurs

Après m’être bien préparé (enfin, c’est ce que je croyais) au jeu de rôle pour les enfants, j’étais alors motivé comme jamais pour faire découvrir le jeu de rôle à un groupe de 4 enfants. J’avais prévu mon coup : sachant que la capacité d’attention des plus jeunes est limitée, et considérant qu’aucun d’entre eux n’avait encore jamais fait de Jeu de Rôle, j’avais prévu de faire relativement court. Au total, j’avais compté 2 heures, dont une demi-heure pour créer les perso. La suite m’aura prouvé à quel point j’étais naïf avant cette partie.

Le jeu de rôle pour les enfants sélectionné pour cette partie ? L’excellent Tiny

C’était décidé, la partie allait se dérouler sur Tiny, un jeu de rôle qui me semblait idéal pour rassembler un jeune public. Pourquoi Tiny ? Pour bien comprendre, il faut que je vous explique en quelques lignes en quoi consiste ce jeu.

Dans Tiny, des monstres extra-dimensionnels essaient de pénétrer dans notre monde en s’infiltrant dans les cauchemars des enfants. Si les Akymérides (c’est le nom de ces fameux monstres) parviennent à effrayer l’enfant dans son cauchemar jusqu’à le réveiller, alors c’est gagné pour eux. Ils parviennent à s’incarner dans notre dimension ! Il ne leur reste plus qu’à dévorer l’enfant pour développer toute leur puissance et leur capacités. C’est comme ça que naissent les monstres de légende.

Heureusement, la plupart des jouets et des doudous sont en réalité des créatures animées et conscientes (un peu comme dans Toy Story), qui ont la capacité eux aussi de s’incarner dans les rêves pour défendre leur jeune maître contre les terribles Akymérides. Et je vous le donne dans le mille : dans Tiny, on interprète les jouets d’un enfant ! Bien sûr, lorsque les jouets s’incarnent dans le rêve, ils possèdent des pouvoir surpuissants et des capacités hors du commun.

Dans Tiny, vous incarnez des doudous et des jouets

Jouets, doudous, enfants … bref, vous aurez compris pourquoi Tiny était LE choix qui s’imposait. Par contre, vous avez peut être tiqué (comme moi) sur le côté “l’Akyméride doit dévorer l’enfant”. Bien évidemment, j’avais éludé ce détail lorsque j’ai présenté le jeu aux enfants, en leur disant simplement qu’il s’agissait de tout faire pour que l’enfant ne se réveille pas. Le but c’était de passer un bon moment de jeu, pas de rendre à leurs parents des enfants complètement traumatisés.

Pour faire simple, je choisis de faire jouer la partie du kit de test gratuit (que vous pouvez trouver ici). Du coup, me voilà tout prêt à affronter un groupe de 4 enfants sur une partie de deux heures. En tout cas, c’est ce que je pensais.

Un groupe pour le moins … éclectique

Mon groupe de jeunes joueurs était composé d’un enfant de 6 ans et demi (c’est important le “et demi” à cet âge là), d’un autre de 8 ans accompagné de son frère de 9 ans, et un dernier enfant de 10 ans. Aucun n’avait fait de jeu de rôle jusque là, c’était une grande première pour chacun d’entre eux. Je commence à leur expliquer le principe, et bonne nouvelle : ils sont plutôt très réceptifs ! Je ne vous cache pas que ça m’a aidé à me détendre.

On passe alors à la création de personnages. Chacun y va de ses idées : l’un à voulu prendre Tiny, le doudou tigre en peluche pré-tiré du jeu, un autre a pris un Légo de Harry Potter et les deux frères se sont chacun créés une figurine de Dragon Ball (Son Goku pour l’un, Vegeta pour l’autre). Autant dire qu’on part sur un groupe avec des personnages très variés, ce qui n’est pas pour me déplaire. C’est aussi ça la beauté du jeu de rôle !

La dream team !

C’est parti ! on se lance dans le scénario

Jusque là tout se passe bien. Les enfants sont captivés et écoutent le début du scénario. Je les sens très impliqués et ils n’ont aucune difficulté à rentrer dans l’intrigue. Je vous passe les détails, mais ça part très vite sur une histoire de pirates. Il faut aller sauver le meilleur ami de Nathan, le petit garçon dont on explore le rêve.

Dès que la première action a lieu, ils sont supers immergés (blague avec les pirates, la mer, tout ça tout ça, t’as compris ?) et chacun y va de ses théories sur qui peut bien être l’Akyméride qui se cache dans le rêve. Ils interagissent tous ensembles et se montrent très créatifs pour trouver des stratégies et des solutions. On arrive à trouver de l’espace pour que chacun puisse exprimer ses idées, c’est plutôt cool.

Certaines actions évidemment se passent mal (le pauvre Tiny tombe d’un bateau et manque de se noyer !) mais fort heureusement, un bel esprit d’équipe se met en place (Vegeta s’est jeté à la mer pour sauver le pauvre Tiny). Avec un si beau démarrage, je pensais alors que le reste de la partie allait continuer sur la même lancée …

Les enfants se projettent bien plus facilement que les adultes. J’en veux pour preuve que pendant ma partie, en plein milieu d’un combat, quelque chose de magique s’est produit. Les enfants étaient en train d’essayer de mettre au point une stratégie d’abordage ambitieuse et – il faut le dire – plutôt alambiquée, quand soudain ils m’ont demandé des feuilles de papier et des crayons. Je me suis exécuté, et ils ont commencé à dessiner leur personnage ainsi que des plans pour leur abordage. Rien de très exceptionnel pour l’instant, même si ça faisait plaisir de les voir aussi impliqués dans l’histoire.

Le petit truc magique s’est produit à la fin de la partie, lorsqu’ils ont rassemblé leurs affaires pour repartir. Ils ont tous voulu reprendre avec eux leurs dessins, car ils planifiaient de l’utiliser pour raconter et inventer une autre histoire basée sur cette scène. Autrement dit, ils s’étaient appropriés le scénario et comptait en prendre un petit bout avec eux !

Et là, c’est le drame !

Malheureusement, une fois passée la première heure de jeu, deux problèmes se sont posés :

  • les deux frères se connaissaient déjà (bah oui, puisqu’ils sont frères), et ils ont commencé à se disputer. Et parfois même à se battre (au sens propre) pendant la partie ! Outre le fait que ça a imposé pas mal d’interruptions, ça a aussi un peu refroidi les autres enfants. Difficile de se sentir à l’aise dans un groupe quand ça échange des marrons sur le siège d’en face
  • deux heures, et bien … c’est très long pour les plus jeunes, même lorsqu’ils sont intéressés. La fin de la partie a été plutôt laborieuse, car il n’était plus possible pour certains joueurs de rester concentrés. J’ai donc dû écourter une partie du scénario pour arriver plus vite à la scène finale et clôturer la partie.

Cette partie m’a laissé une impression en demie-teinte : autant le début s’était déroulé très harmonieusement, autant la fin a été plus difficile. Globalement le résultat est quand même très positif, et les enfants sont partis avec le sourire aux lèvres, c’est donc qu’ils se sont aussi amusés. Mais si je devais le refaire, je m’y prendrai autrement.

Mes conseils : le jeu de rôle pour les enfants

Ma conclusion, c’est que je ne ferai plus jamais de jeu de rôle avec des enfants …

Mais non ! Je plaisante bien évidemment ! C’est justement parce que j’ai eu quelques difficultés que j’ai envie d’y retourner ! Blague à part, j’ai trouvé au cours de cette partie des choses que je n’avais jamais vu en jouant avec des adultes. Les enfants ont une imagination super intense, et surtout, ils savent l’activer quasi instantanément ! Et ça, c’est super cool parce que ça permet une grande fluidité dès le début de la partie. C’est tout de suite plus intense.

Et c’est justement ça le terme clé : l’intensité. Ça démarre fort, on est tout de suite à fond dans le roleplay. Mais ça se consume très vite et ça ne dure pas.

L’enseignement que j’ai tiré de cette partie, c’est de bien adapter le scénario à une partie de 1h à 1h30. Et le truc cool, c’est que ça ne veut pas dire qu’il faut nécessairement prévoir un scénario moins chargé. Comme les enfants se projettent très vite, on a pas cette perte de temps au début. Celle là même qu’on peut rencontrer avec des adultes, quand il faut prendre le temps de “se chauffer”. Il faut juste prévoir de rentrer très vite dans l’histoire ; de toute manière, si vous prévoyez une étape d’introduction trop lente, les enfants vous emporteront dans leur propre rythme.

Un deuxième point important, c’est de ne pas trop préparer de détails. Lors de cette partie, le roleplay était si intense qu’on a carrément eu des moments de co-création avec les enfants. Et là, vous pouvez jeter à la poublle tout les détails que vous aviez préparé d’avance : ils sont obsolètes, car la partie à prit la tangente en même pas 2 minutes ! Ce n’est pas un problème en soi, mais ça veut surtout dire qu’il faut se préparer à l’impro, plutôt qu’à un scénario très guidé.

Et enfin, c’est peut être anecdotique, et sans doute que les profs qui me lisent le savent déjà, mais … je séparerai ceux qui se connaissent déjà bien pour être sûr d’éviter les débordements. Et accessoirement, ça aider aussi à chacun de s’intégrer et de se mélanger au groupe. Dans le même registre, je vous conseille de faire un tour de table avant de démarrer. Je pense qu’il faut même le faire avant d’évoquer ce qu’est un jeu de rôle. Le but, c’est que chacun apprenne à se connaître. Mais surtout que vous soyez en mesure de “repérer” les profils qui auront tendance à se dissiper le plus vite. Certains enfants demandent plus d’encadrement que d’autres (et ça n’est absolument pas lié à leur âge). Et mieux vaut s’en rendre compte dès le début.

Alors, vous attendez quoi pour vous lancer ?

Quoi qu’il en soit, je ne peux que vous encourager à tenter l’expérience. On l’a vu dans la première partie, le jeu de rôle présente des bénéfices dans le développement des plus jeunes. Ça serait vraiment dommage de s’en passer. Et même en tant que Maître de jeu, c’est aussi une vraie expérience ! Elle aide à prendre du recul sur son rapport au jeu de rôle !

Moi je suis parti sur Tiny, mais plein d’autres jeux sont possibles. L’essentiel c’est que les règles soient suffisamment fluides pour permettre de jouer quasi instantanément. Des jeux comme Chroniques Oubliées ou Tails of Equestria se prêteront très bien à des parties avec des enfants !

Et vous, avez-vous déjà essayé de faire du jeu de rôle avec de jeunes enfants ? En quoi ça s’est passé différemment de vos parties “habituelles” ? Et si vous n’avez jamais testé, pourquoi ne pas prévoir de le faire bientôt ? Si vous avez des difficultés ou la trouille, je serai ravi d’en parler dans les commentaires.

Crédits Image : Mariana Scherer
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